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Culture mode – Comment naissent les tendances ?

Si les Look, Streetlook et News occupent une place majeure au sein du blog on tient aussi à développer un axe lié à la culture et la réflexion autour de la mode. Aujourd’hui on aborde un mystère auquel tout passionné de mode s’est déjà intéressé. Pourquoi tel motif, telle couleur, tel effet de forme est tendance en ce moment ? Qui en a décidé ainsi ? Il y a quelques années une amie nous avait initié aux fameux cahiers de tendances dont on vous parlera plus bas, en y ajoutant certaines informations et précisions dénichées sur internet on vous propose un petit article qui retrace les grandes étapes de la genèse d’une tendance. En fin d’article on soulèvera un dilemme quant à leur véritable source de création.

1 ère étape – les bureaux de styles

Ces bureaux de styles prennent la forme d’agences et réalisent ce que l’on appelle des cahiers de tendances, qu’ils vont par la suite proposer aux acteurs de l’industrie de la mode. Il s’agit en fait de cahiers remplis de croquis, de dessins, de photos, d’échantillons de textile, le tout garni d’explications. Pour info ce genre de cahiers peut être vendu jusqu’à 4 000 euros. Attention, pour tous les avant-gardistes, sachez que ces cahiers annoncent les tendances 18 mois à l’avance ! Quand on prend un peu de recul c’est assez angoissant, on imagine un bureau, une maison, dans laquelle un petit groupe de personnes, d’agents, décident de ce que sera la mode 2 ans plus tard.

La question qui se pose ensuite est la suivante : comment ces bureaux de tendances procèdent pour choisir ce qui sera en vogue 18 mois plus tard ? Si ils reconnaissent qu’initialement l’instinct et l’intuition avaient une part considérable dans cette prise de décision, ils reconnaissent qu’aujourd’hui les enjeux économiques sont devenus trop importants, ainsi il existe une technique logique à mettre en application.

2 ème étape – la collecte d’infos à travers le monde

Chaque bureau possède des agents, correspondants, envoyés dans tous les pays du globe. Leur mission consiste à récolter ce qu’ils appellent les « signaux faibles ». Ces signaux représentent en fait ce qui se passe de nouveau dans tous les secteurs de la société (art, cinéma, politique, culture) ainsi que tout événement important qui pourrait intervenir. Détecter les nouveaux faits de vie voilà un job plutôt cool !

Exemples : la tendance des crânes rasés chez les filles à une origine rationnelle, elle est liée à la montée du féminisme. La couleur rose est en vogue, comme une réponse aux temps de terreur actuels et au stress que génère la société. Dans ce sens le rose, la cool attitude, le zen total interviennent comme des solutions exprimées à travers la mode.

Apres avoir collecté cet ensemble de données, les correspondants envoient tout ça aux bureaux de styles.

3 ème étape – les comités de tendance

Deux fois par an se réunissent les comités de tendance. Au sein de ces comités on retrouve différentes professions, des stylistes, des coloristes, et chose intéressante, des sociologues ! Le rôle de ces rassemblements est de réunir toutes les infos amassées par les bureaux de styles par le biais de leurs correspondants. Ils les analysent, les regroupent, les croisent afin de créer des thèmes, 4 par saison. Pour chaque thème seront associées une ambiance, des couleurs, des matières et des formes. Tout est réuni au sein des cahiers de tendances auquel on ajoute des analyses socio économiques. Ces thèmes ne seront pas seulement développés autour de la mode vestimentaire, mais toucheront aussi le design, le maquillage, la décoration, etc.

4 ème étape – les cahiers de tendances, une source parmi d’autres.

En fait, les stylistes et les acteurs de l’industrie, une fois leur cahier de tendances en main avouent fièrement que leur vision personnelle et leur intuition auront un poids dans leur production à suivre. Ils vont entre autre et à leur échelle reprendre le rôle des agents des bureaux de style, en admettant que les défilés  de janvier et de mars ont une grande importance dans la ligne directrice à mettre en place. Toutefois, les acteurs de la mode vont alors eux aussi observer tout ce qui se passe dans la rue et autour d’eux. Evidemment les cahiers de tendances restent le mot d’ordre à appliquer, mais ils sont adaptés selon la cible, les obligations et les résultats des précédentes collections de chaque acteur.

 La vraie question – Quelle est la véritable source première à l’origine d’une tendance ?

Il faut tout de même comprendre que deux points de vue divergent. D’une part ceux qui pensent que les tendances naissent au sein de la société. Cette vision reprend la logique expliquée plus haut d’un repérage de « signaux faibles » au cœur même de la vie. Si cette explication semble la plus naturelle et logique elle peut aussi apparaître comme une compréhension naïve du phénomène. Il est clair que des enjeux économiques gigantesques régissent le monde de la mode, cela a des conséquences. Pour certains sociologues c’est en fait un procédé contraire, presque complotiste, qui fait naître les tendances. Pour les adeptes de cette vision, c’est en fait l’industrie de la mode qui en mettant la lumière sur telle couleur, tel design, telle coupe, va créer la mode. En jouant avec les réseaux sociaux, les influenceurs (placement de produits), la pub, et la télévision pour nous envoyer une multitude de signaux subliminaux directement dans notre cerveau. Ce processus pourrait donc être à l’origine de votre toute dernière idée folle et novatrice dont vous êtes particulièrement fiers. Après avoir flatter votre ego il se pourrait que votre originalité et votre créativité ait été piratée par l’industrie mode elle-même sans que vous en ayez eu la moindre sensation.

Si cette version s’avère fondée, chaque passionné aurait alors une partie de sa créativité manipulée, et bien évidemment même si cette conception est réelle et existe forcément, ce serait compliqué de le nier, on peut compter sur la folie de chaque amoureux de la mode, amateur comme professionnel, designer ou bien toi lecteur derrière ton écran, pour apporter une création qui sort de tout machination et de toute emprise. Cette passion qui vous anime, n’est pas contrôlable dans sa totalité.

De notre côté on penche pour une coexistence des deux idées. La genèse première intervient dans la rue avec ces petits « signaux faibles » qui sont le fruit de la simple créativité de l’homme, ensuite logiquement les industries mettent la main sur les tendances, et calculent ce qui sera le plus gratifiant, en misant sur telle ou telle tendance qui par la suite sera exposée à forte répétition sur les réseaux par les insiders, les blogueurs et les you tubeurs. C’est en tout cas notre point de vue, et Vincent Grégoire, directeur du département Art de vivre chez Nelly Rodi expose sans détours les faits : « mon travail consiste à anticiper des comportements de consommateurs, et ensuite, à faire du lobbying pour que ça arrive de toute façon ! ».

Ce qu’il ne faut pas oublier c’est que pour anticiper les comportements des consommateurs, il faut observer la vie, la société, ce qui se passe dans le milieu de l’art et de la musique. On en revient donc à une logique de coexistence entre une genèse des tendances détenue par la vie et la société elle même tout autant que piégée entre les griffes des industries de la mode soumises à leurs objectifs financiers.

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